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L'épargnant est-il prêt à investir dans le non coté ?

L'investissement non coté s'est ouvert aux particuliers. Bonne nouvelle ! Charge à leurs conseillers de les amener à bien appréhender cette classe d'actifs alternative, comprendre le fonctionnement d'un placement non coté pour en bénéficier pleinement.

Des investissements pas comme les autres

La différence entre les marchés privés et les marchés cotés bien connus des épargnants ne se limite pas à l’absence de liquidité. L'illiquidité de l'investissement non coté s’avère être un allié pour cette classe d’actifs devant impérativement s’inscrire dans du temps long. Ainsi, il convient généralement de déployer les sommes engagées dans un placement non coté sur une période de 4 à 5 ans suivant la décision d’investissement. Ce laps de temps permet de lisser les points d’entrée et ainsi d’avoir au sein d’un même millésime plusieurs cycles économiques. Ce qui pourrait sembler banal pour un institutionnel est fondamental pour un particulier. Au-delà de sélectionner et de donner accès à des équipes de gestion à dimension institutionnelle jusqu’alors inaccessibles et ayant démontré leur capacité à répliquer des niveaux de performance du premier quartile quels que soient les cycles économiques, les plateformes de private equity doivent assurer aux clients privés et à leurs conseillers de la transparence, du suivi ainsi qu’un reporting complet et régulier à juste prix. Et ce, afin de permettre de préserver ainsi la majeure partie de la valeur créée par les équipes de gestion. Ce « juste prix » des actifs non cotés à destination d’une clientèle de particuliers fortunés est désormais possible puisque le digital permet de catalyser l’humain qui n’intervient désormais que sur des tâches à haute valeur ajoutée.

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La nécessaire éducation des investisseurs

Plutôt qu’une démocratisation de la classe d’actifs non cotés, c’est l’institutionnalisation des pratiques envers les particuliers qui semble nécessaire pour une clientèle d’investisseurs avertis ayant la surface financière suffisante pour investir a minima 100 000 euros par fonds.

Pour une clientèle plus “retail”, il existe plusieurs solutions : de l’investissement dans des FCPR aux minimum d’investissement plus faibles et appelés en une ou plusieurs fois aux fonds ouverts dits « evergreen ». Concernant ces derniers plus spécifiquement, au lieu de répondre au cycle classique des fonds de capital investissement (collecte, phase d’investissement, phase de distribution, date d’échéance), ils ont une durée de vie de 99 ans et restent en permanence ouverts aux souscriptions et aux rachats. Ces stratégies sont capables d’apporter une liquidité aux porteurs en conservant, notamment, une poche liquide pouvant être rapidement mobilisée pour faire face aux demandes de rachats des porteurs.

Attention toutefois à ce que ces différentes facilités d’usage n’éteignent pas certains moteurs de performance et n’occasionnent pas de frais excessifs. Le cas des FCPI, FIP et holding ISF, qui furent les premiers véhicules de capital-investissement accessibles au grand public, ne doit pas être oublié : bien souvent, la qualité des investissements sous-jacents et le niveau de frais élevés ont eu raison de la performance finale des investisseurs malgré l’avantage fiscal associé.

Après la sélection des fonds, le plus important c’est l’accompagnement

En matière d'investissements non cotés, la notion d'accompagnement est cruciale, à tous les niveaux. D'abord, ce qui fait la qualité d'un gérant d'actifs non cotés, ce n'est pas seulement sa sagacité dans la sélection des meilleures entreprises, mais également sa capacité à accompagner des entrepreneurs dans leur croissance (dans la conquête de nouveaux marchés ou d’opérations de croissance externe) et à répliquer cette méthodologie de millésime en millésime.

Les conseillers en placement et leurs clients ont besoin de partenaires ayant une connaissance suffisamment fine des marchés privés pour les aider efficacement dans la sélection des meilleures stratégies et surtout leur permettre de construire un portefeuille sur les actifs privés en adéquation avec leur patrimoine existant, leur horizon d’investissement et leur appétit au risque notamment. Il y a en effet beaucoup de valeur ajoutée dans la capacité à identifier les fonds en cours de levée, à comprendre dans le détail dans quel type d’entreprises non cotées ils vont investir (secteurs, géographies, tailles d’entreprise, stade de développement des entreprises financées) puis à évaluer ensuite la pertinence des stratégies proposées à leurs clients en parfaite adéquation avec chacun d’entre eux. Le diable est parfois dans les détails et certaines équipes de gestion sont susceptibles de s’ouvrir à une clientèle privée pour de mauvaises raisons, comme des difficultés à lever des fonds auprès des institutionnels et des grandes familles. L’analyse d’un expert du marché est essentielle pour opérer la bonne sélectivité.

Il est surtout essentiel pour l’investisseur final de se faire accompagner par son conseiller financier pour construire dans la durée une allocation équilibrée et diversifiée sur les actifs non cotés. C'est lui seul, en tant que « médecin de famille » du patrimoine, qui a la vision globale des actifs, des projets, de la situation personnelle et familiale, et donc des besoins de chacun de ses clients. Tous ces éléments sont essentiels pour évaluer la capacité à supporter le risque, le type d'actifs à intégrer et la proportion du patrimoine que l'on peut dédier à des actifs illiquides.

Si les investissements non cotés font beaucoup parler d’eux ces derniers temps, la façon de les intégrer au sein d'une allocation globale est essentielle si l'on veut obtenir un résultat à la hauteur des promesses de cette classe d’actifs singulière et complexe.

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