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Comment l’illiquidité constitue-t-elle un moteur de performance pour les fonds d’investissement en actifs privés ?

L’investissement en actifs privés repose sur une singularité essentielle : l’illiquidité. Dans un monde où la liquidité est considérée comme un gage de sécurité et de flexibilité, les fonds d’investissement en actifs privés bâtissent leur performance sur sa privation.

La surperformance des marchés privés : pourquoi l’illiquidité génère un avantage

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Introduction : une contrainte devenue une opportunité

Loin d’être un simple paramètre technique, l’illiquidité est au cœur du modèle économique du private equity, du private debt, de l’infrastructure ou de l’immobilier non coté. Elle conditionne la manière dont le gérant déploie et valorise le capital, influence le rythme de création de valeur, et détermine la structure du rendement perçu par les investisseurs institutionnels et professionnels.

Pour les conseillers en gestion de patrimoine, comprendre la mécanique et la vertu de cette illiquidité est essentiel. C’est elle qui définit la temporalité, la performance et la robustesse du fonds. Ce guide en offre une lecture approfondie — du point de vue du fonds, du gérant et des investisseurs — pour éclairer sa logique économique et ses conditions de succès.

Le fonds, transformateur de liquidité

Le fonds d’investissement est par nature un mécanisme de transformation de liquidité. Il recueille des capitaux liquides — les engagements (« commitments ») des investisseurs — et les alloue à des actifs illiquides : entreprises non cotées, projets d’infrastructure, prêts privés ou actifs immobiliers.

Les investisseurs s’engagent à immobiliser leur capital sur une période longue (généralement 8 à 12 ans), sans possibilité de retrait anticipé. Cette structure fermée garantit au gérant :

  • une stabilité du capital sur toute la durée du plan d’investissement,
  • une liberté stratégique à l’abri des fluctuations de marché,
  • un alignement temporel entre investisseurs, gérants et entreprises financées.

Sans cette stabilité, la logique du capital patient s’effondrerait : les stratégies de transformation, de redressement ou de croissance nécessitent du temps.

Les implications économiques de la durée

L’illiquidité impose une temporalité spécifique. Le cycle de vie d’un fonds s’articule en trois phases :

  1. Période d’investissement : les capitaux sont appelés progressivement selon les opportunités,
  2. Période de création de valeur : les sociétés en portefeuille sont accompagnées, restructurées, développées,
  3. Période de désinvestissement : les cessions restituent capital et plus-values.

Ce rythme long, souvent d’une décennie, est la matrice de la performance : le fonds fabrique sa propre valeur à travers le temps. En contrepartie, les investisseurs perçoivent une prime d’illiquidité — un rendement additionnel de 3 à 5 points par an en private equity et 1,5 à 2,5 points en dette privée.

Le capital patient, moteur de création de valeur

La prime d’illiquidité reflète la valeur économique du capital patient. En immobilisant le capital, le fonds donne à ses participations le temps nécessaire pour :

  • exécuter des stratégies de transformation profonde,
  • renforcer leurs fondamentaux sans pression boursière,
  • maximiser la valeur de sortie à travers un calendrier maîtrisé.

Ainsi, l’illiquidité devient un avantage stratégique : elle permet au gérant de travailler avec une vision industrielle et de long terme.

L’illiquidité : unir gérants et investisseurs

L’illiquidité crée un alignement temporel et économique entre gérant (GP) et investisseurs (LP). Le GP ne perçoit sa rémunération variable qu’à la sortie, sur les plus-values réalisées.

Cette structure favorise une gestion de conviction et protège des réactions impulsives aux cycles de marché. Les fonds illiquides, à l’abri des ventes paniques, ont souvent su investir à contre-cycle.

  • comités d’investissement représentatifs,
  • reporting régulier et normé,
  • audits indépendants et transparence contractuelle.

Gérer la liquidité dans un cadre illiquide

Le pacing — rythme des appels de fonds — est central. Il permet d’optimiser la trésorerie, de lisser la courbe en J et d’assurer un flux régulier de distributions.

  • limiter la dilution des rendements,
  • maximiser la rotation du capital,
  • assurer la cohérence entre détention et liquidité future.

Les secondaries funds, fonds evergreen ou solutions hybrides offrent aujourd’hui une flexibilité accrue, tout en préservant la vertu de l’illiquidité.

Conclusion : L’illiquidité, fondement de la performance

L’illiquidité est la pierre angulaire des fonds d’investissement privés. Elle n’est pas un défaut à compenser mais une vertu à maîtriser :

  • elle assure la stabilité du capital,
  • elle discipline le gérant,
  • elle récompense la confiance et la durée.

Pour les professionnels du patrimoine, comprendre cette dynamique, c’est saisir le moteur même d’une finance durable et du temps long.

FAQs

Qu’est-ce que l’illiquidité ?

C’est la caractéristique d’un investissement qui ne peut être vendu sans perte de valeur. Dans le private equity, la dette privée ou les infrastructures, le capital est bloqué sur 8 à 12 ans.

Pourquoi l’illiquidité peut-elle être un moteur de performance ?

Parce qu’elle permet aux investisseurs de capter une prime d’illiquidité, améliorant le couple rendement/risque sur le long terme.

Pourquoi est-elle essentielle dans les fonds non cotés ?

Elle garantit la stabilité du capital, la liberté stratégique du gérant et l’alignement temporel entre investisseurs et gérants.

Comment favorise-t-elle une performance durable ?

En offrant un cadre stable pour déployer des stratégies industrielles de long terme, investir à contre-cycle et créer de la valeur réelle.

Estelle Dolla
Article rédigé par Estelle Dolla
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