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Il était une fois, le private equity…

Tribune d'Estelle Dolla dans PE Mag : si le private equity existait en France dans les années 2000/2010, il n'était alors qu'à ses balbutiements, souvent constitué de "poches de capital" plutôt que de sociétés de gestion pleinement établies. Les premiers acteurs provenaient généralement du secteur bancaire, et l'instinct prévalait souvent sur la discipline lors des transactions. Le modèle français reproduisait déjà les trois piliers fondamentaux du private equity, développés par les pionniers américains, qui sont essentiels à sa performance : l'alignement des intérêts, le contrôle et la durée d'investissement.

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Un écosystème professionnalisé

Ces principes demeurent plus que jamais d'actualité, bien que leur mise en œuvre ait évolué avec la maturité du marché. Le private equity est né dans un environnement très propice, où le manque de liquidité des entreprises permettait des conditions d'entrée au capital particulièrement attractives, notamment grâce à la baisse du coût de l'argent. Aujourd'hui, il doit s'ajuster et se perfectionner pour poursuivre son développement dans un contexte renouvelé. L'alignement des intérêts, qui se limitait autrefois à la rémunération incitative des dirigeants et des directeurs financiers, s'étend désormais à une part significative des employés des entreprises financées, générant ainsi de la valeur. L'exercice du contrôle a également évolué : les sociétés de gestion recrutent divers experts, passant de la simple surveillance à l'apport de ressources et de solutions sur des thématiques clés comme la chaîne d'approvisionnement, la transformation numérique ou le reporting.

La durée d'investissement est devenue une véritable arme pour traverser les périodes difficiles, contrairement à l'époque où la tentation de céder au premier offrant était forte. Grâce à ces évolutions, les fonds sont devenus de véritables entreprises d'investissement, chacune cultivant sa spécialisation, sa culture, ses méthodes et sa discipline d'investissement. Un bon "deal" ne doit pas être le fruit d'un simple opportunisme, mais doit correspondre aux besoins du dirigeant et à l'ADN du fonds investisseur. La création de valeur repose de plus en plus sur cette spécialisation des fonds et cette segmentation croissante du marché, où les investisseurs et les entreprises entretiennent des relations partenariales. Bien que la période ait été plutôt faste pour le secteur, sa résilience a été testée pour la première fois en 2008.

Le private equity sait naviguer même en période de crise économique. Le fait que les fonds disposent en permanence de capital prêt à être investi constitue un excellent amortisseur pour les entreprises en difficulté. Lors de la crise du Covid, les fonds ont démontré leur capacité à mobiliser des ressources dans des situations inédites. 2024 a été un nouveau défi pour le secteur. Plutôt que de céder précipitamment leurs participations, les fonds ont prolongé la période d'investissement. Chez certains acteurs, il y a eu moins d'acquisitions et plus de travail sur les actifs en portefeuille pour créer de la valeur : accélération des transformations, internationalisation de l'activité, efforts de recherche-développement, opérations de "buy and build", etc.

Un avenir prometteur

Le non coté a particulièrement fait parler ces dernières années, notamment avec l’instauration de la Loi industrie verte, qui vise à faciliter l’accès au non coté pour les épargnants français par l’ajout d’une dose d’actifs privés dans les gestions pilotées des contrats d’assurance-vie et des plans d’épargne retraite. L’incertitude économique et politique pourrait créer des opportunités dans le secteur du non coté, en particulier sur des segments résilients ou anticycliques. Dans ce contexte, les actifs non cotés (private equity, infrastructure et dette privée) illustrent leur potentiel de diversification dans leur capacité à surperformer les marchés financiers traditionnels et ceci particulièrement si la volatilité des marchés actions persiste.

Le marché du non coté devrait continuer de croître dans les prochaines années, notamment sous l’impulsion d’une demande accrue de diversification et de performances durables. La rigueur dans la sélection des actifs, et des gérants, ainsi que l’intégration des critères ESG deviendront incontournables, tout comme la transparence, face aux attentes élevées et légitimes des investisseurs privés. Les fonds de qualité, adaptés aux investisseurs patrimoniaux, se démarqueront dans un environnement plus exigeant.

Les meilleurs gérants de private equity ont toujours été performants et devraient le rester grâce à leur capacité unique de sélection des leaders de marché et d'implication auprès des entrepreneurs qu’ils accompagnent. Il est donc crucial de sélectionner, parmi les sociétés de gestion, les stratégies dont les performances sont véritablement le fruit d'une discipline appliquée sans faille. Cette sélectivité est la clé d'une surperformance durable.

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